Je m’appelle Jul Baffert et je suis le musicien de Alas (un homme groupe), mon projet solo, mon projet le plus intime et personnel à ce jour. LES ORIGINES DE ALAS (UN HOMME GROUPE) J’ai étudié le piano enfant puis la guitare au collège avant de fonder mes premiers groupes au lycée, comme bassiste et chanteur. J’ai quitté Paris où je suis né pour finir mes études à Brest, dans le département d’origine de ma famille. J’en suis reparti avec une Maîtrise universitaire de son en poche avant de m’installer à Rennes, où je vis aujourd’hui, avec le projet de devenir musicien pro. J’avais déjà alors participé à une demi-douzaine de groupes, à la basse, et je me suis énormément investi alors dans un trio de métal prog du nom d’Abkahn, qui a eu un succès de niche, tout en participant à un collectif de dub, le DCA, et en faisant des piges alimentaires en tant qu’opérateur son en télé (France 3 régions). A la fin d’Abkahn, à 30 ans, j’ai décidé d’opérer ma mue vers le professionnalisme comme musicien, et j’ai alors multiplié les projets, les styles et les instruments ; tour à tour chanteur, guitariste, bassiste, percussionniste ou harmoniciste, j’ai joué de la pop, du funk, du rock, du rocksteady, de l’americana, de la samba ; j’ai également participé à un spectacle rock jeune public et à une fanfare punk. Je joue aussi très régulièrement à l'hôpital sud de Rennes, embauché par l’association Euphonie, dans le service onco-hématologie pédiatrique. En 2014, j’ai fait le constat que je ne composais plus vraiment, que je n’avais pas d’espace de création artistique pure, libre de contraintes de temps, de style, de faisabilité, d’accessibilité. C’est une situation dans laquelle se retrouvent beaucoup d’artistes pro, enfermés dans la course aux cachets, à faire des remplacements, à multiplier les projets, à faire des choix guidés par la viabilité financière. J’ai alors décidé de m’accorder une matinée par semaine pour composer en toute candeur, changeant souvent d’instrument, faisant toutes sortes d’essais avec comme seul mot d’ordre : créer et me faire plaisir. Ce sont les prémices de Alas (un homme groupe). LA RECHERCHE Peu à peu, cet exercice m’est apparu de plus en plus vital, et se sont dessinés les contours de ce que je souhaitais créer : des chansons simples qui ne soient pas dépendantes de l’instrumentation, qu’on puisse aussi bien chanter avec une guitare qu’interpréter à trente musiciens. Pour les textes, après avoir beaucoup chanté en anglais et en espagnol, il m’est apparu évident de chanter dans ma langue maternelle, le français, d’écrire sur le rapport à l’autre sans rentrer dans les détails de telle ou telle histoire, de mettre la poésie et les sonorités en avant, de ne pas porter de message ou de combat via mes textes. J’essaie de ne pas trop afficher mes influences dans mes créations mais si je devais citer quelques noms, il y aurait Jacques Higelin, Bashung, Creedence, Angus & Julia Stone pour la simplicité, Arctic Monkeys pour l’efficacité, et un million d’autres encore plus subliminales.   J’ai commencé alors deux gros chantiers : devenir auteur d’une belle poésie francophone, et créer le système instrumental qui allait me permettre de mettre mes chansons en valeur. J’ai fait aussi le choix de ne pas me mettre de pression au niveau des échéances, et de laisser venir à moi l’inspiration au moment où elle apparaîtrait. Ce choix m’a retiré une énorme pression et m’a permis de créer à un rythme tranquille, en étant à chaque fois fier de mes compos. Cette décision d’avancer à mon rythme m’a par contre imposé de rester seul dans ce projet. Pour pallier la solitude de l’exercice, j’ai utilisé deux outils essentiels : une batterie pédestre évoluée et une guitare baryton biphonique.  Ma batterie se compose de quatre instruments (grosse caisse, caisse claire, charley, tambourin), frappés par cinq pédales (dont deux pour la caisse claire) ; l’innovation principale est que je peux jouer avec les talons autant qu’avec les pointes, alors que les batteurs y compris en one-man-band utilisent seulement les pointes ; cela me permet de développer des rythmes beaucoup plus variés ; je tiens mon instrument d’une histoire malheureuse car c’est à la suite de la mort de mon meilleur ami et batteur préféré que j’en ai hérité.  Ma guitare quant à elle est baryton, elle est accordée en si avec des cordes bien plus épaisses que sur une guitare électrique habituelle (en mi) ; j’ai fait refaire le circuit électrique pour la rendre biphonique, ainsi le micro de manche plus sourd part dans un système de bassiste et le micro de chevalet plus brillant part dans un système de guitariste ; j’ai développé une technique de picking très rythmique qui me permet de jouer au pouce des lignes de basse tout en jouant aux index-majeur-annulaire des riffs, des thèmes, des parties rythmiques et des solos. Mon looper, accessoire essentiel des toutes premières expérimentations, est toujours présent mais je ne l’utilise que sur une petite poignée de chansons. Je refuse d’en faire un instrument de composition mais m’en sers volontiers si la chanson s’y prête. Pour apprivoiser tout ce système, la matinée par semaine a évolué vers des milliers d’heures de boulot. LA RENCONTRE AVEC LE PUBLIC, LE STUDIO J’ai fait mon premier concert en 2017, submergé par un trac inédit, et depuis les concerts se sont rapprochés, à mesure que le set s’étoffait – à présent il se compose de seize compos et de deux reprises, pour 1h30 de concert. Le trac n’a pas disparu mais il s’accompagne d’une bien meilleure connaissance de mon instrument global, et maintenant je m’exprime et m’amuse sur scène plus que je ne galère à gérer la synchronisation et l’angoisse. J’ai enregistré la chanson « Là où je fuis » en 2019 avec mes camarades Vincent “6sou” Galopin et Bertrand Bouessay, au studio BadPlafond à St Sulpice des Landes. Puis j’ai co-réalisé son clip avec Laurent Guizard, photographe connu du rock rennais ; un clip très épuré et photographique, en noir & blanc avec une unité de temps et d’espace. En 2020, avec les mêmes copains au son, j’ai produit un EP 5 titres, se voulant un témoin de l’ambiance des concerts. J’ai donc fait le choix de ne pas ajouter d’instruments à ce que joue en live. Une exception pour le morceau « Substitut » où je demande au public de faire des chœurs ; j’ai enregistré des copains, une chorale, puis le premier confinement m’a arrêté et les amis qui pouvaient s’enregistrer chez eux m’ont envoyé leurs pistes par internet, 6sou se chargeant de recaler tout ça pour un résultat très réaliste. Sur « Minéral » , j’utilisais une pédale “organ” sur scène mais j’ai préféré doubler entièrement les parties de guitare à l’orgue ; depuis, je joue ce morceau au synthé sur scène. Sur « Brouillard », ma première compo en tant que Alas, on entend le principe du looper puisque, en live, la ligne de basse est enregistrée puis bouclée. « Substitut » parle d’une idylle illusoire, « Toi la cause » est l’histoire d’une rencontre rêvée, « Minéral » est une allégorie intergénérationnelle, « Brouillard » raconte le doute et « Là où je fuis » raconte la solitude choisie. Le EP sort en CD enseptembre 2021 avec un morceau live en bonus sur les plateformes de streaming et sur mon Soundcloud : « L’énigme », qui parle du mystère insoluble des rapports humains. J’ai également une chaîne Youtube. PROJETS Pour 2022, un max de concerts entre mai et octobre, le maquettage d’un album à la manière de Ty Segall ou du Lenny Kravitz des débuts, c’est à dire en jouant moi-même batterie, basse, guitare, claviers, chant et choeurs, en me détachant de la version live.  Et surtout, prendre du plaisir et voir du pays.